Expériences gustatives thaïlandaises
De la rue à la maison
J’ai passé deux mois en Thaïlande, première étape de mon tour de l’Asie, avec pour objectif de m’approcher au plus près de la culture du pays. Cependant, je me suis rendu compte qu’il ne suffisait pas de choisir des plats “typiques” dans les petits bouis-bouis pour y parvenir. Même s’il vaut mieux prendre un green curry qu’un burger, il semblerait que les plats thaïlandais soient occidentalisés pour plaire aux touristes. Pour goûter à la réelle cuisine thaïlandaise, le meilleur moyen est d’aller passer quelques jours chez l’habitant.

Des plats authentiques
Durant mes premières semaines en Thaïlande, je suis allée manger dans différents restaurants, et je me suis rapidement aperçue que ceux qui ne payaient pas de mine étaient souvent les meilleurs. En Thaïlande, les restaurants, ce n’est pas ce qu’il manque, des plus chics aux cantines. Cantines où l’on s’assoit sur des chaises de camping en plastique roses et bleues et où les boissons sont servies dans des gobelets illustrés de personnages de dessins animés.
Les femmes y préparent leurs plats dans d’énormes marmites et woks disposés sur des stands le long du trottoir, envahissant la rue d’odeurs appétissantes qui viennent nous chatouiller les narines. J’ai pu goûter à diverses spécialités, le “fried rice”, sorte de riz cantonnais, différents currys, (vert, jaune, rouge : du moins fort au plus fort), des soupes de nouilles, des pad thaïs (pâtes de riz), du riz avec du poulet ou du porc émincé et épicé, agrémenté de feuilles de basilic.



En Thaïlande, le porc, le poulet, le riz, les légumes et les œufs font partie des ingrédients phares. Pour les végétariens, chaque repas est proposé avec du tofu à la place de la viande. Concernant les boissons, on retrouve partout des “fruit shake”, jus de fruits pressés pour moins d’un euro. En Thaïlande, on peut également boire de la Chang Beer ou de la Singha Beer, qui font partie des bières les plus réputées.
Les desserts sont souvent composés de fruits. Ici, tout est préparé à base de produits locaux. La mangue, l’ananas, la pastèque, la papaye ou encore le fruit du dragon sont des ingrédients omniprésents. On ne peut passer à côté du “mango sticky rice”, un dessert simple à base de riz gluant au lait de coco sur lequel on dépose des morceaux de mangue. La papaye verte est quant à elle cuisinée en salade avec des cacahuètes, de l’ail pilé, du citron vert et surtout du piment. C’est une entrée très réputée et très épicée.
Dans les desserts, on retrouve généralement des fruits ou des légumes, frits ou baignés dans le lait de coco. Mais les fans de chocolat ne seront pas en reste : on peut trouver un peu partout des petites roulottes ornées de banderoles qui proclament, en toute modestie, “best pancakes in the world”.



En réalité, ce ne sont pas vraiment les pancakes que nous connaissons : il s’agit de “bananas rotees”. On pourrait comparer les “rotees” à des crêpes bretonnes car préparées dans beaucoup de beurre. La pâte n’est pas liquide mais solide, elle est transformée en petites boules, claquées sur le plan de travail jusqu’à ce qu’elles deviennent très fines.
Elles sont ensuite jetées dans une sorte de poêle à frire où elles sont rôties avec beaucoup d’huile et de beurre. Dans la recette traditionnelle, on les agrémente en cours de cuisson de rondelles de bananes, d’un œuf puis on les arrose de lait concentré. Ma préférée, c’est la “banana chocolate rotee”. Il en existe beaucoup d’autres : à la mangue, au coulis de fraise, au beurre de cacahuètes, et même des salées.
La culture de la street-food
La Thaïlande regorge de stands de street food qui envahissent les trottoirs des grandes villes comme des petits villages. En Asie, les habitants aiment partager leur repas, je n’ai pour le moment jamais vu personne manger seul. Ce sont souvent de grandes tablées, comme nous le dimanche ou lors de grandes occasions, sauf qu’ici c’est tous les jours. La street food permet de sortir entre collègues et amis pour pas cher. De plus, beaucoup de familles de Bangkok ne possèdent pas forcément de cuisine, la street food est donc une solution toute trouvée.



Un jeune propriétaire de restaurant thaïlandais m’a confié qu’il mangeait beaucoup à la maison en famille, mais que pour sortir avec une amie ou des copains, il choisissait la street food, car c’est la seule façon de changer un peu de l’alimentation quotidienne. Effectivement, les stands de rue proposent un choix de nourriture très varié. À Paï, petit village hippie du nord de la Thaïlande, je mangeais un soir de la salade birmane, un autre des gyozas japonais, sans compter les falafels maison et les sortes de gratins de pommes de terres et de maïs…
On peut manger de nombreuses spécialités internationales faites maison et très goûteuses dans une ambiance chaleureuse, en déambulant dans les rues animées de la ville. Dans la cuisine thaïlandaise, les plats sont très savoureux. En France on utilise beaucoup le sel et le poivre ; en Thaïlande, le gingembre, le piment, la citronnelle, le basilic, la coriandre, les cacahuètes pilées, le lait de coco sont des saveurs omniprésentes. La Thaïlande utilise depuis des siècles les herbes en médecine préventive, elles sont également très présentes dans toutes les spécialités culinaires.
L’art d’un repas authentique
Après quelques semaines de voyage, j’ai eu la chance de vivre chez l’habitant et de partager leur table. En Thaïlande, les couples vivent avec leurs enfants, et souvent avec les grands-parents. Tous se retrouvent autour du repas. Il n’est pas rare de voir une ribambelle de neveux et de nièces, ou encore parfois des voisins invités à s’attabler avec nous. Ajouter une chaise semble chose coutumière ici. Le repas se constitue d’une soupe, un bouillon avec des légumes, d’une pâte pimentée vert foncé faite à base d’herbes, d’épices et de poisson émietté, d’un plat de viande ou d’un poisson entier pêché dans la journée et de sticky rice (riz collant).



Les plats sont disposés au milieu de la table. Chacun a sa petite corbeille de riz dans laquelle il pioche avec les mains et trempe dans les plats de son choix. Le repas se termine souvent par une assiette de légumes crus. Le dessert se prend le plus souvent à l’extérieur dans un stand de street food. Avant et après le repas, on remercie Bouddha en joignant les mains. Lorsque l’on boit de l’alcool de riz en fin de repas, la plupart du temps celui-ci est servi dans un seul verre qui passe de main en main.
Au petit-déjeuner, les plats sont les mêmes : du riz, du bouillon de légumes ou de viande et une omelette. Ici rien ne se perd, on mange le lendemain ce qu’il reste de la veille. La cuisine thaïlandaise est une cuisine du partage, savoureuse, et elle exalte les papilles. Je me suis aperçue que dans ce pays le repas était un des moments les plus importants de la journée. Un moment de convivialité, chaleureux, où plus on est nombreux, plus le repas sera agréable.